Martelanche défend des idées profondément progressistes et humanistes, à travers plusieurs grandes thématiques.
La femme incarne une vision de l’avenir. C’est clair et net dans l’esprit de Martelanche. Certes, on a l’habitude de voir Science, Éducation, Paix et Justice prendre les formes allégoriques de femmes. Le vigneron inspiré ne se prive pas de donner à ses espoirs les formes avantageuses de naïades aux cheveux défaits, le sexe couvert de rubans où s’étalent les devises de sa foi en l’humain.
Ainsi, représente-t-il le concert des nations, la colonne du dialogue des cultures, par une farandole de belles créatures dont l’énergie joyeuse viendra forcément à bout de l’instinct meurtrier des mâles.
Mais, Pierre Martelanche ne se contente pas du langage allégorique. Quand, dans un bas-relief sublime, la figure de Marianne recouvre celle de l’institutrice, c’est une petite fille qu’on voit étudier au centre de la classe, sous le manteau protecteur de la République.
La liberté se conquiert grâce à la culture. Martelanche le sait, lui le vigneron qui a lutté pour grappiller un peu de ce savoir encore réservé, de son temps, aux élites. Alors il écrit, beaucoup, sur le flanc de ses statues, sur des drapeaux, sur des panneaux. Il s’ingénie à recopier la déclaration des Droits de l’Homme, à la graver dans la glaise. Il calligraphie, avec pleins et déliés, des recommandations aux jeunes filles. Il dédie, sur le fronton de son temple une ode à « Victor Hugau », l’écrivain qui préconisa d’ouvrir des écoles pour plus vite fermer des prisons. En cela, Pierre Martelanche appartient bien à la famille des créateurs d’art populaire, toujours soucieux de doubler leurs œuvres par des explications redondantes, comme s’ils n’étaient pas sûrs de la pertinence de leur art et de sa lisibilité. En l’occurrence, Martelanche tend des lignes d’écriture pour que viennent s’y poser les colombes de la paix et de la liberté.
Martelanche passa, à son époque, pour un esprit délirant, un fantaisiste, pour ne pas dire un fou. Pourtant, il expliquait sa démarche, il faisait visiter son « Petit Musée », il demandait un droit d’entrée qu’il réservait à la construction d’une école. Idée vertueuse s’il en est. Mais la rumeur publique ne le ménagea pas. Sans doute était-il jugé trop « rouge », « laïcart », trop progressiste : était-ce la place d’un paysan de jouer les artistes donneurs de leçons ?
Il semblerait que ce reproche de la société se soit étendu comme un voile d’opprobre et que la descendance du vigneron éclairé n’ait pas réussi à le déchirer. Jusqu’à ce lundi 13 juin 2011…
Je suis heureux et émerveillé devant tant de beauté !